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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/47

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tache de sang. Pour le reste, je vous renvoie au cantique des cantiques. J’en ai la respiration coupée.

Elle est restée sur le seuil, souriant, me regardant, semblant attendre quelque chose…

Et puis, comme je ne bouge pas, c’est tout juste si elle ne me saute pas au cou : « Oh ! darling ! »… et elle me saisit les mains en me regardant avec ravissement. Elle semble toujours attendre cette chose qui ne vient pas ! Moi, je lui baise les mains, ahuri. Alors, elle éclate d’un rire fou qui me consterne :

By Jove ! quel drôle d’homme vous faites, mister Prim ! Je suis très, très heureuse de vous voir, en vérité !… Vous n’avez pas beaucoup changé depuis deux ans !… Et je vois que vous soignez toujours cette chère cicatrice ! Comme je vous comprends ! Such a horrible scar ! Oh ! I beg your pardon !… Vous avez changé un peu !… Vous étiez un peu plus… comment dirais-je ?… un peu moins en couleur, yes ! Oh ! I am delighted to see you !… Excuse me !…

Elle me fait asseoir tout près d’elle (trop près), son babil continue.

— Ce cher baronnet sera désolé de vous avoir manqué à Deauville ! Il est dans sa propriété d’Écosse ! Il m’écrit tous les jours pour me recommander la lecture de la Bible. Oh ! that Bible ! Vous savez qu’il m’a fait quitter la religion catholique ! Je pouvais faire cela pour lui, le très cher ! Catholique, protestante, qu’est-ce que cela ? C’est toujours notre chère religion en Jésus !