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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/69

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Étrange lit d’amour qu’elle a choisi là. Elle m’y tient prisonnier comme si elle ne voulait plus me lâcher, jamais. Mais mon étreinte est aussi prolongée que son insatiable désir. C’est la lame qui nous chasse, j’ai pu penser, un moment, qu’elle voulait que nous nous aimions jusque dans la mer. Quand elle se relève, elle dit simplement : « Oh ! que c’est jôli ! Is’nt it ? »

C’est sa façon de remercier, paraît-il, et de témoigner sa satisfaction. Elle secoue sa robe.

Je la reconduis devant le casino, où nous trouvons son auto. Elle m’y fait monter. Elle me dit : « Lawrence, cher Lawrence, je vous attends cette nuit ! »

Ah bien ! ça va ! Right oh !

Elle ajoute encore : « Par la fenêtre ! » Enfin, comme l’auto s’arrête devant la porte de l’hôtel : « Lawrence, je vous adore ! »

Dans le vestibule, je lui baise la main, très cérémonieusement, puis je regagne ma chambre. Hell and Maria ! comme jure Helena, dans les moments d’abandon, je devrais être heureux de ma soirée ! Mes affaires vont bien ! Tout marche à souhait Avec ma chance, je n’ai qu’à puiser là-bas, dans ma grande maison. Si j’avais voulu, ce soir, ou plutôt si j’avais su, je n’aurais pas été quasi anéanti par un gain aussi minime. Je suis parti du « Privé » d’une façon ridicule, comme si j’avais volé, comme si j’avais les gendarmes à mes trousses. Et c’était le moment de « ponter » et ferme ! Un quart d’heure de cette veine, et c’était peut-être un million que j’enlevais ! Est-ce qu’on