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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/87

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faut pas vous étonner s’il faut rendre la magnifique épingle de cravate à Fathi tous les soirs. Vous n’avez pas remarqué, car il faisait une belle nuit d’amour noire, hier, que, lorsque je vous ai rejoint sur la terrasse, je n’avais plus mon collier. Je l’avais donné à Fathi, au vestiaire. Et la maid, yes, la dame de la toilette, avait décousu les bijoux de ma robe… Ainsi, Fathi nous a laissé la paix. C’est le règlement de sir Archibald qui tient beaucoup aux bijoux qu’il m’a donnés. Tous les soirs, quand je vais au lit, Fathi m’attend pour mettre mes bijoux dans un coffret et il va dormir avec la boîte… C’est encore le règlement de sir Archibald… et cela est très sage, very very really, par ce temps de voleurs. Je regrette tout de même parce que je voudrais tout vous donner, yes, darling, tout vous donner, parce que je vous aime !…

En attendant, elle ne me parlait toujours point de mes cent mille francs et tout ce qu’elle me racontait ne parvenait pas à dissiper ma mélancolie.

— Pourquoi cette tristesse, puisque je vous aime ! Vous serez beau, Rudy dear ! Ce n’est pas Lawrence que j’ai habillé, dear little puppet, c’est Rudy ! Quittez cette figure de malheur, si vous voulez me faire plaisir…

Sa physionomie, une fois encore, avait changé. Son profil n’avait plus cette dureté de métal qui m’avait surpris et inquiété en quittant Deauville. Ses yeux avaient retrouvé toute leur langueur ; l’eau trouble, qui les baignait d’une volupté si communicative, s’était répandue de nouveau à l’ombre des cils chargés d’un noir cosmétique, car