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Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/174

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Chapitre huitième

La Pieuvre


I. — Le signe de la couronne

Le tumulte fut tout de suite immense. L’assemblée cria à l’anathème ! Et les gardiens se seraient précipités sur Rouletabille si un geste auguste du patriarche ne l’eût préservé…

Andréa, Callista, Zina et toute la troupe de Sumbalo, tout ce monde parlait à la fois, ou plutôt vociférait, en montrant le poing à Rouletabille…

Odette, sortant enfin du rêve dont elle paraissait accablée, se soulevait, les bras tendus vers cet espoir de salut : Rouletabille ! Mais elle retomba presque aussitôt, comme si elle eût douté encore une fois de la réalité, comme si cette image, jaillie du fond de ses cauchemars, n’était, elle aussi, qu’une fumée !…

Le grand Coesre, avec sa figure des plus mauvais jours, était venu se placer à côté de ce jeune audacieux qui avait osé violer l’enceinte sacrée…

Enfin, quand tout ce désordre se fut un peu apaisé, on parvint à s’entendre mais non à se comprendre ! Rouletabille parlait la langue des gaschi (vils étrangers) que le plus grand nombre ignorait. Le patriarche fit appel aux lumières d’un docte vieillard à lunettes qui avait passé sa vie dans les bibliothèques et qui était à peu près polyglotte… Par ce truchement officiel, le peuple tout entier put saisir le sens des propos échangés.

Rouletabille, telle Cassandre qui avait le mauvais œil, au moins autant que Zina, prédisait au peuple cigain les pires calamités si le patriarche et le conseil des vieil-