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Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/223

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manda Rouletabille qui paraissait aussi maître de lui que Vladislas Kamenos était affolé.

— Que voulez-vous dire ?

— Vous le savez bien, maître Kamenos ! Nous sommes venus ici, ces messieurs et moi, dans le dessein que vous nous donniez des nouvelles toutes fraîches de cette jeune voyageuse descendue chez vous il y a quelques jours et à laquelle M. Tournesol faisait une cour si assidue !…

— Vous voulez parler sans doute de Mme de Meyrens !

— Justement !… qu’est-elle devenue ?

— Je pourrais vous répondre que je ne suis point chargé de la surveiller !… Cependant comme son bagage est encore dans sa chambre, je n’ai aucune raison pour cacher que j’espère la revoir bientôt !… Encore une note en souffrance, monsieur Rouletabille !…

— Ne vous occupez pas de cela, vous serez réglé, monsieur Kamenos ! fit le reporter en se dirigeant hâtivement vers le premier étage…

— Par qui ?

— Par M. Tournesol !…

— Et vous, où allez-vous comme cela ?

— Chez Mme de Meyrens !

— Mais je vous dis qu’elle n’est pas chez elle !

— Vous n’en savez rien ! Je vais m’en assurer !

— Mais je vous défends de pénétrer chez elle !… mais je suis responsable !…

Et l’aubergiste se précipitait derrière Rouletabille et ses gardes…

— D’abord, la porte est fermée à clef !… s’écriait-il…

— La clef ! la voilà ! fit Rouletabille en la sortant de sa poche.

— Et comment avez-vous la clef de Mme de Meyrens ?

— Petit indiscret ! goguenarda le reporter en introduisant la clef dans la serrure.

M. Kamenos émit alors la prétention d’entrer dans l’appartement avec Rouletabille…

— Ou Mme de Meyrens est là ou elle n’y est pas ! exprima nettement le reporter… si elle n’est pas là… je ressors tout de suite !… si elle est là, je suis chargé par le patriarche de lui faire une communication qui ne vous regarde en aucune façon, maître Kamenos !

Et, pour ne pas être dérangé, il fit entendre aux gardes qu’ils eussent, pendant quelques minutes, à s’assurer de la personne de cet excellent Vladislas…

Rouletabille devait alors avoir trouvé Mme de Meyrens dans son appartement et il avait, sans aucun doute, les choses les plus importantes à lui dire, car dix minutes s’écoulèrent, puis vingt, puis trente et on ne le revoyait toujours pas !…

Maintenant maître Kamenos n’était plus seul à s’inquiéter des singulières façons du journaliste ! Cette longue absence commençait à impatienter les gardes dont le chef responsable avait déjà frappé à différentes reprises à la porte de Mme de Meyrens sans obtenir de réponse…

De plus en plus troublé, le milicien s’était informé auprès du patron de l’hôtel des différentes issues que présentait l’appartement, et quand il sut qu’on pouvait en sortir par un escalier de service qui donnait sur la basse-cour et sur les clapiers, il n’hé-