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Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/173

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NIJNI-NOVGOROD

des espaces. On se demande qui les amena si loin et qui viendra les reprendre. Des chevaux en liberté nous regardent fuir. Un d’eux se cabre, nous salue de ses sabots dressés, s’abat et bondit, et la bande, derrière lui, dévale par la plaine sans bornes, se perd à l’horizon.

Puis ce sont des forêts de sapins qui durent des heures. Dans les clairières, des usines dressent leurs cheminées hautes : la civilisation fait sa lente conquête.

Au bord du Volga, Vladimir nous apparaît, mirant dans les eaux du fleuve la blancheur de ses tours. Une vision. Des forêts encore. Une station. Nous descendons. Des femmes, sur les quais de bois, nous tendent, pour les ablutions, des aiguières d’étain, d’où coule l’eau dans des bassins de cuivre.

À l’approche de Nijni-Novgorod, nous ressentons une chaleur suffocante. Nous passons dans de la fumée et dans des bois qui brûlent depuis des semaines, sur un espace de plus de quatre-vingts kilomètres.

La ville nous apparaît dans cette atmosphère de fumée et de poussière : la poussière d’un terrain que n’a point détrempé l’eau du ciel depuis quatre mois.

Du haut de la colline, nous avons vu Nijni-Novgorod. Elle nous a semblé moins une ville qu’un camp immense, avec les milliers de toits angulaires de ses boutiques, qui paraissent des tentes. C’est la foire. Des peuplades de mar-