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Page:Leroux - Une histoire épouvantable, paru dans l'Excelsior du 29 janvier au 3 février 1911.djvu/10

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velle comme la mienne, laquelle ne croyait ni aux revenants, ni aux histoires des vaisseaux fantômes.

» Hélas ! Je devais bientôt découvrir que le ciel ni l’enfer n’étaient pour rien dans cette histoire épouvantable.

» Il était six heures du soir quand je pénétrai dans ma villa du Mourillon. C’était l’avant-veille de l’anniversaire de la fameuse nuit.

» La première chose que je fis, en entrant chez moi, fut de courir à ma fenêtre du premier étage et de l’ouvrir. J’aperçus aussitôt (car nous étions en été et il faisait grand jour) une femme d’une grande beauté qui se promenait tranquillement dans le jardin de la villa d’en face, en cueillant des fleurs. Au bruit que je fis, elle leva les yeux. C’était la dame à la lampe ! je la reconnaissais ; elle était aussi belle le jour que la nuit. Elle avait la peau aussi blanche que les dents d’un nègre du Congo, des yeux plus bleus que la rade de Tamaris et une chevelure blonde, douce comme la plus fine étoupe ! Pourquoi ne l’avouerais-je pas ? En apercevant cette femme à laquelle je n’avais fait que rêver depuis un an, j’eus le cœur comme chaviré. Ah ! Ce n’était pas une illusion de mon imagination malade ! Elle était bien là, devant moi, en chair et en os ! Derrière elle, toutes les fenêtres de la petite villa étaient ouvertes, fleuries par ses soins. Il n’y avait dans tout cela rien de fantastique.