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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/149

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lement en ceste ville : car il la departit en si grande quantité que rien plus.

La femme d’un des tresoriers repliqua : Madame, c’est peut-estre la bonne mine de Mont-d’Or qui luy fait debiter sa marchandise si promptement : car il y a des personnes qui m’obligeroient plustost à prendre quelque chose d’eux que non pas les autres.

Peut-estre que la bonne façon de son commis10 luy faisoit tenir ce discours, car on dit quelle luy porte quelque affection. J’en appris des nouvelles il n’y a pas long-temps ; mais, sans la scandaliser, elle ne va guères aux champs sans luy, faisant croire à son mary qu’elle craint les rencontres mauvaises. Mais oserois-je dire qu’une femme d’un procureur de la Cour de parlement ne fait rien que par la volonté de son clerc ? Et le plus souvent, quand elle veut prendre un collet monté, il faut prendre l’advis du clerc pour sçavoir s’il est bien empezé ou non ; et, s’il ne le trouve bien, il le rompt et froisse entre les mains, en disant qu’il ne veut pas qu’elle le porte, et si elle pense dire qu’il couste de l’argent, il repond que ce n’est pas grand chouse d’un teston.

La femme du medecin, reprenant la parole à


son : « Questo e un remedio santo per sanare tutti gli morbi. » Les Essais de Mathurine (s. l. n. d.), p. 4.

10. Var., éd. orig. : la bonne mine de son clerc.