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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/152

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medecine : l’apotiquaire ne prit pas d’autres herbes ny ingrediens que ces meschantes herbes. Depuis j’ay veu les parties pour celuy auquel on porta la medecine, lesquelles sont pleines de tant de discours estranges, que pour moy je n’y cognois que le haut alleman, car il y avoit Or, Occ, Arab, et toutefois je cognoissois tout ce qui estoit entré en ceste médecine, et je jure la foy qu’il n’y entra jamais que de meschantes herbes.

— Vramy, Madame, dit la femme de ce secretaire cy-dessus, il ne s’en faut pas estonner, car s’ils ne faisoient ainsi, ils n’enrichiroient pas leurs enfans comme ils font. Ne sçavez-vous pas qu’à S.-Germain un apotiquaire a laissé des moyens suffisamment à son fils pour avoir un office de payeur, qui vaut huict mil escus et plus ? Mais qui vous diroit qu’ils font aujourd’huy leurs enfans conseillers de la Cour, dont y a eu un grand bruict entre Messieurs du Parlement, qui ne les veulent recevoir, à cause de la qualité ? Mais il y a un bon remède à cela : c’est qu’il se font recevoir au Parlement de Bretagne le plus proprement du monde.

— Madamoiselle, dit la femme de ce medecin, je ne sçay si vous sçavez qu’un apotiquaire a quitté la moitié de sa boutique pour acheter un office de secretaire ; et qui plus est, sçavés-vous que femme et fille pleurent ses pechez tous les jours, et n’ont autre resjoüyssance que de prier