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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/157

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vous oserois dire que la femme d’un jeune orfèvre demandoit, ainsi que j’entendis l’autre jour en passant, à un jeune homme, s’il avoit une maistresse, et qu’il devoit luy acheter une monstre qu’elle tenoit, pour luy en faire present ; ce qui fut cause que je m’arrestay court à une boutique vis-à-vis, pour voir et contempler les actions de ceste jeune femme. Je remarquay tant de folies et de sottises entre ces jeunes gens que rien plus, dont je fus fort estonné, et avec moy le voisin au logis duquel je m’estois arresté. Il faut crier : Au chat ! au chat !

— À propos de monstre, dit la femme d’un conseiller, il me souvient que la femme d’un orfèvre avoit attrapé d’un jeune homme une belle monstre pour jouyr de ses beaux yeux chassieux, qu’elle a este depuis contraincte rendre, mesmes en la presence de son mary, qui feignoit n’en sçavoir rien. La feinte fut bonne aussi de la part de l’orfevaresse, car elle dit que le jeune homme l’avoit oubliée le jour de devant, et que l’on ne la luy vouloit pas retenir.

L’on apporta pendant ces discours un panier de cerises très belles à confire à l’accouchée, de la part d’un sien parent orfèvre, qui fut cause que l’on changea de discours, et que la femme du medecin dict qu’elle s’estoit trouvée depuis huict jours en ça en compagnie vers la rue de la Coustellerie, où l’on faisoit confire des cerises, et avoit