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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/178

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n’y a que de se frotter à l’herbe qu’on cognoist, et que mon oncle a esté grandement attrapé, puisque l’on reduit les quatre vingts quatre mil livres à huict mil escus de bien pour le plus. — Vous estes une moqueuse, dit la conseillère ; son office seul vaut plus de soixante mil livres. Comme se pourroit faire cela ? Vostre oncle est trop fin pour se laisser dupper de la sorte. — Asseurez-vous, Madamoyselle, dit la changeuse, que je vous dis la verité, à mon très grand regret, et qu’en estant bien informée, je vous diray la fourbe que l’on luy a faicte, si vous voulez prendre la patience de l’entendre. L’office que vous tirez en ligne de conte, il l’a acheté veritablement, depuis qu’il est accordé à ma cousine, soixante mil livres, et cent pistolles outre trois mil livres qu’il a promis par promesse separée, qu’il ne veut pas que mon oncle sçache ; mais il en doit encore quarante huict mil livres ; le surplus, il l’a payé des deniers de mon oncle, et mesme son quart denier. Je le sçay asseurement, monsieur Benoist et mon mary luy ayant preste l’argent ; le Breton en porta une partie : c’est ce qui mit ma tante en si grande alarme, et qui fit partir ce gentil officier en si grande diligence pour se rendre auprès d’elle pour accommoder cet affaire, et l’empescher de declamer comme elle avoit commencé. Le reste du bien consiste en une maison à Moulins, une maison aux champs, assez plaisante, size pourtant au ter-