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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/180

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vantage, se jetta à ses genoux en sa presence, et le conjura, les larmes aux yeux, de surseoir toutes poursuites jusques à ce que le mariage de leur frère fust achevé ; qu’autrement sa fortune seroit perduë ; qu’il feroit en sorte qu’il luy donneroit contentement ; qu’il luy en avoit desja parlé plusieurs fois, et representé le grand tort qu’il faisoit particulierement au jeune frère, de faire faire toutes les années des descentes sur leurs heritages, supposant quelque gelée ou gresle pour se faire estrousser les fruicts à bonne condition, ou à personnes interposées, et tromper le pauvre mineur ; que, pour toutes raisons, il ne luy respondit autre chose, sinon qu’estant l’aisné, il avoit tousjours esté obligé à faire une grande despence, mesme depuis la mort de sa femme ; que, son revenu n’y pouvant suffire, il avoit esté contrainct d’emprunter dix mil livres de son premier beau-père, et plusieurs autres parties à perte de finances, avec son bon compère son voisin, estant très asseuré que soubs son nom on ne luy eust pas presté un teston ; qu’il ne seroit raisonnable que luy tout seul portast cette despence, qui absorberoit la moitié de la legitime, puisqu’il l’a faicte, poussé du courage de leur mère, pour relever le nom de la maison ; que, neantmoins, il luy promettoit qu’après son mariage il leur rendroit toute sorte de satisfaction, pourveu que monsieur le bailly, leur beau-frère, permist à leur sœur