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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/181

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malade de se faire voir à son medecin ordinaire, sans soupçon. L’artifice duquel il a usé pour faire voir à mon oncle qu’il avoit du bien est admirable : il luy a fait croire, contre la coustume du pays, que la maison des champs luy est substituée, que le jesuite lui a donné tout son bien, que les rentes qu’il a renduës du mariage de sa première femme luy appartiennent. Jugez si le pauvre homme avoit l’esprit perdu. Il luy mit ses contracts entre les mains, il les leut, et ne cognut pas qu’ils avoient desja changé de main depuis que ce bon gendre les avoit rendus à son premier beau-père, qui les avoit cedez au procureur du roy, son autre gendre, et que mesme ils estoient apostillez de sa main ; enfin on luy fit voir quantité d’obligations personnelles conceuës soubs son nom, desquelles les creanciers ne seront jamais poursuivis : aussi n’ont-ils jamais rien deu. Mon oncle, ensorcelé, comme je croy, prit tout pour argent comptant. Hé ! pleust à Dieu qu’auparavant que signer les articles il eust consulté l’oracle que vit d’autrefois le receveur des tailles son beau-frère pour recouvrer ses pierres d’or ! peut-estre eust-il descouvert quelque chose de la verité de ce mistère ; mais le malheur veut que ce qui nous touche le plus, c’est de quoy nous sommes les derniers advertis. Croiriez-vous que chacun s’en rioit en ces quartiers, et en alloit à la