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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/182

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moutarde4, et que le greffier du bureau des finances ne se put empescher de dire à monsieur Feuillet que tous les Messieurs de leur compagnie s’en mocquoient, et soustenoient affirmativement qu’il n’eust jamais huict mil escus de bien, avec les advantages de sa première femme. Quel desplaisir pensez-vous, Madame, que mon oncle en reçoive ? Il seiche de regret d’avoir esté ainsi trompé, et ne s’en oze plaindre, puisque luy tout seul l’a voulu. Je ne sçay qu’il n’a point fait pour advancer ceste nouvelle mariée, et rendre son mariage meilleur : il a forcé son autre fille d’entrer en religion ; il a donné des maisons dedans Paris par le contrat de mariage, et a promis, par promesse separée, de les retirer dans un temps, pour tromper mon cousin, fils de sa première femme, supposant que ce seroit acquisitions qu’il auroit fait avec celle-cy.

— Madame, que je vous arreste, dit la femme d’un advocat au Chastelet ; je ne sçaurois souffrir


4. On disoit aller au vin et à la moutarde, pour railler, faire quolibets et chansons sur une chose. Notre locution s’amuser à la moutarde, et le nom donné au gamin de Paris, en sont restés. Cette expression étoit vieille dans la langue. On la trouve déjà dans un passage du Journal du Bourgeois de Paris sous Charles VI ; et Villon, parlant de la belle bergeronnette qui rioit et chantoit bien, dit : Elle alloit bien à la moutarde. (Huit. CLIV.)