Aller au contenu

Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

honneur et leur fortune, mesme le sieur duc de Rohan a esté contrainct de baiser le babouyn4.

— Quelle apparence de traicter avec des rebelles qui ont desjà faussé la foy promise, dict la femme d’un auditeur des comptes de la parroisse de S.-Mederic ! ce seroit tousjours à recommencer ; aussi je ne puis croire que le roy ait accordé avec la cabale huguenotte, que ce ne soit souz des conditions bien considerables, et qu’elle n’ait dict le peccavit plus de trois fois auparavant : car à leur subject Sa Majesté a receu mille et mille incommoditez, et a esté tellement trompée et abusée qu’il se trouvera, au bout du compte, que la couronne ait engagé plus de trente millions, et le tout par l’astuce et intelligence de ceux qui ont les charges plus honorables, lesquels se sont servis de l’occasion pour joüer à pincer sans rire.

— Comment ! Madamoiselle, voulut repliquer la tresorière, trouvez-vous qu’on ait fraudé le roy au siége de Montpellier, comme on a faict à celuy de Montauban ?

— Je ne veux pas vous dire absolument qu’on


4. On peut lire dans les mémoires du duc lui-même comment il fit sa paix avec le roi dans les conférences d’Alais, et à quelles conditions pour son parti et pour lui-même cet arrangement définitif fut conclu. (Coll. Petitot, 2e série, t. 18, p. 440–455.) — « Baiser le babouin, sorte de proverbe pour dire : faire des soumissions à quelqu’un avec lequel on étoit brouillé. » Richelet.