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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/213

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À ce beau discours, la compagnie se print à rire, et celle qui esleva un ton plus haut, ce fut madame l’accouchée, qui mesme en petta de resjouyssance pour le moins huict ou dix fois consequtivement, à cause que du temps que ce drosle estoit auprès de ladite garde, et que sa marmitte boüilloit à ses despens, on n’eust osé lui dire bran en son nez, tant qu’elle faisoit ma commère l’entenduë. Ainsi fallut peu de chose pour sortir de la carrière et pour rompre de si bons discours qui se tenoient auparavant avec toute sorte de verité ; toutesfois, si tost qu’il fut finy, nostre maistresse des requestes, qui se plaist d’estre entretenuë en compagnie aux despens de l’honneur d’autruy, s’efforça par tous moyens de remettre en lice les autres, tant sur les traictez de guerre et de paix que sur les fraudes et malversations des chefs et conducteurs de l’armée, et sur ce qu’on avoit tant parlé du sieur de Villautray14 et de ses commis.

Sur quoy la tresorière, grandement engagée dans le combat, ne peut s’empescher de respondre que volontiers la fortune est enviée aussi bien que les beautez, et que tout ainsi que les esprits


14. Le sieur de Villautrais est un des partisans, scandaleusement riches, les plus maltraités par les pasquins du temps. V. la Voix publique au roy, Recueil E, p. 241 ; la Chasse aux larrons, p. 90. Il est aussi nommé dans les Contreveritez de la cour. (Recueil cité, p. 63–66.)