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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/220

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— Vous vous debattez, Madame, de la chappe à l’evesque, dit l’accouchée ; hé ! qui soit connestable qui le pourra estre, l’on est aussi bien mordu d’un chien que d’un chat. Nous en avons perdu, graces à Dieu, un qui ne valloit guères ; à present, nous en avons un qui ne fera guères mieux. Toutesfois, ce que je trouve de meilleur en luy, c’est qu’il est riche, Dieu mercy, des bons coups qu’il a fait aux eglises du Dauphiné.

— Sa richesse, repliqua Mathurine, devroit aider beaucoup à le faire homme de bien ; mais quoy ! ce qu’on doibt craindre, c’est qu’un drap retourné ne faict jamais tant de proffict comme s’il estoit à poil.

— Je vous sçay bon gré, dit la maistresse des requestes, de parler ainsi à cœur ouvert, car il est vray, la hare22 sent tousjours le fagot, et, comme


Guérin, qui prenoit la qualité de maître des requêtes de la reine Marguerite et de son orateur jovial. Il portoit une robe de velours, une soutane de satin noir avec un bonnet carré. Ce bouffon, tous les jours, ne manquoit pas de monter sur le théâtre qu’elle avoit fait dresser dans son palais du faubourg S.-Germain, à l’un des bouts de la grande salle. Comme elle prenoit grand plaisir à l’écouter, il n’épargnoit pas les mots les plus infâmes. Il continua à faire ce beau métier tant qu’elle vécut ; il en fut assez mal récompensé : il mourut de misère. » (Sauval, Galanteries des rois de France, etc., suiv. la copie imp. à Paris, 1721, in-12, t. 3, p. 70.) Guérin dirigeoit les ballets de la cour. Lettres de Malherbe, p. 327. V. aussi sur ce bouffon nos Variétés hist. et litt., t. 1, p. 220.

22. Branche pliante, lien des fagots. La corde des pendus