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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/227

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les damoiselles de race et d’extraction, et pour faire à croire qu’elles en ont, mais c’est du contant, invention qui est tournée en perfection, si perfection se doit appeller le vice ; en sorte que, pour le jourd’huy, on ne voit plus ny femme de notaire, ny de procureur, ni d’advocat, ny mesme de marchand et d’artisan, à qui la soye ne traine depuis les pieds jusques à la teste ; et pour entretenir cet estat, que se fait-il, sinon qu’un plan de cornes aux pauvres maris, qui froidement vont au Chastelet ou au Palais, tandis que leurs femmes se donnent carrière ; et qu’ainsi ne soit, demandez à Jouan, procureur, s’il n’est pas genin dans son haut de chausse ; s’il ne vous dit assurement que ouy, je veux boire un verre de vin muscat à jeun pour ma penitence. Je vous en nommerois assez d’autres s’il estoit besoing, mais je me contenteray pour le présent de celuy-là, en consideration qu’un jour il demanda acte à monsieur le lieutenant de ce qu’il venoit de trouver un homme botté et esperonné couché avec sa femme.

Passons outre, et revenons à nos marchandes : les cessions et les banqueroutes de leurs maris leur bastissent une belle fortune, sans le tour du baston qu’elles font de leur costé, et de la façon elles paroissent en damoiselles, excepté la coiffure, tesmoing ceste picque de biscaye26 de la ruë S.-


26. C’est-à-dire se donnant des airs de commandement. La pique de Biscaye étoit, sous Charles IX, l’arme des colonels.