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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/303

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ces gens-là à loger que d’autres. Il n’y auroit point de charité de les renvoyer aux faux-bourgs8.

Tu pense avoir tout dit le plus important affaire des huguenots quand tu parle de la taille qu’ils payent pour faire la guerre contre le roy ; tu t’abuse et ne le saura jamais, si ce n’est par un traistre et renegat comme Cahyer, car la première chose à observer en leur religion, c’est d’estre secret, escouter tout et ne parler point, et en faire advertir les Cercles9 par les espions, sur peine d’excommunication.

Je croy que tu est borgne et aveugle quant tu ne contemple pas les beaux heritages et grandes possessions de ces anciens brigueurs de pratiques, qui subsistent encor à présent, scis rue Fripaut10,


8. Elles y retournèrent cependant, ou, pour mieux dire, elles ne les avoient jamais quittés, surtout le faubourg Montmartre, « alors leur retraite ordinaire », comme il est dit dans le Caquet des femmes du faubourg Montmartre, etc., Paris, 1622, in-8, p. 3.

9. Les cercles luthériens d’Allemagne, toujours alliés clandestinement avec les huguenots de France.

10. C’est le nom qu’on donnoit alors à la rue Phelippeaux. Son premier nom, qui remonte au XIVe siècle, étoit Frépault ; au XVe siècle, on dit Frapault ; nous trouvons Fripaux, comme ici, en 1560, puis Frepaux, en 1636. C’est seulement à la fin du XVIIe siècle que le nom de Phelipeaux, étant devenu célèbre, prit peu à peu la place de ces appellations si changeantes ; la rue l’a gardé. Elle est encore, comme la rue Frépillon, sa voisine, toute peuplée de revendeurs et de marchands de vieux chiffons.