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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/173

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LES SÉRAILS DE LONDRES

entretenues, qu’elle résolut de ne pas différer plus long-tems à s’échapper du logis. Un soir, que ses sœurs étoient allées au Ranelagh, elle se para des meilleures guenilles de sa sœur aînée ; elle s’ajusta du mieux possible, depuis la tête jusqu’aux pieds, et ensuite partit à la sourdine. Elle se rendit donc à la maison d’une domestique, qui autrefois avoit servi chez eux, et avoit épousé un ouvrier honnête. Cette personne avoit souvent plaint la triste situation de Nelly, et désiroit qu’il fût en son pouvoir d’apporter quelques adoucissements à ses souffrances. Elle reçut donc Nelly avec les marques du plus sincère attachement, et lui offrit généreusement un asile, où elle demeura quelques semaines. Il y avoit dans la même maison une autre locataire qui passoit pour une femme modeste ; on avoit cependant quelques raisons de soupçonner qu’elle étoit entretenue par un gentilhomme qui venoit la voir souvent, et qui passoit pour un parent.

Nelly alla un soir avec cette dame à Marybone Gardens, où elles furent jointes aussi-tôt par le parent supposé et un autre gentilhomme. Ce dernier rendit son hommage à Nelly ; lui dit mille choses honnêtes ; lui fit même quelques ouvertures indirectes d’un genre amoureux. Nelly ne fut point du tout mécontente de ses compliments ; de retour à la maison, elle demanda à la Dame qui étoit ce