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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/176

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LES SÉRAILS DE LONDRES

bouleversement de ses sens, l’agitation de son cœur et l’influence de la modestie ; pendant le déjeûner on ne tint aucun propos qui put la déconcerter, la conversation ne roula que sur les observations usées de la beauté du temps, et sur la destination future de l’endroit où ils dîneroient.

À leur retour à la ville, M. D...n conduisit Nelly dans son nouveau logement ; il lui fit présent d’une bourse remplie d’or pour s’acheter ce dont elle avoit besoin, et il lui dit qu’il lui donneroit chaque semaine cinq guinées pour son entretien.

Nelly resta dans cette situation pendant près de trois mois ; elle s’étoit, pendant ce temps, procuré une belle garde-robe, des bijoux de toutes espèces, et avoit, par son économie, amassé cinquante guinées. Malgré le mauvais traitement qu’elle avoit reçu de sa sœur aînée, elle pensa qu’il étoit juste de lui envoyer, en retour des guenilles et autres choses qu’elle lui avoit prises, une pièce de soie, de la dentelle et autres ajustements.

M. D...n fatigué, à cette époque, des caresses répétées de Nelly, la quitta, et lui donna un billet de banque, sans s’informer de la situation de ses affaires et si elle avoit besoin d’une plus forte somme. Nelly fut grandement affligée de cette désertion ; elle se consola cependant en pensant que n’étant point grosse, elle étoit placée au-dessus du besoin, car son miroir flatteur lui disoit