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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/231

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LES SÉRAILS DE LONDRES

Le joaillier ambulant persuada aisément Laure d’employer le gain de ces deux derniers jours, savoir le don de son Excellence à quatorze, et celui du lord Del...ne à s’acheter une paire de boucles à diamants, et une paire de boucles d’oreilles en or ; mais la jeune personne ayant besoin, sous peu de temps, d’argent, ne put lui donner à compte qu’une demi-guinée. Sophie fut plus prudente ; comme elle avoit l’espoir d’être entretenue et de passer pour une femme mariée, elle ne prit au joaillier qu’une simple bague d’or, que cependant elle paya très-cher.

Lucie qui avoit plus de discernement que ces jeunesses de quinze ans, leur fit, après le départ du juif une juste réprimande sur leur folie ou extravagance ; elle leur dit, comme il y parut dans la suite, qu’elles avoient payé ces marchandises plus du double de ce qu’elles auroient dû les acheter. Quant à elle, au lieu de dépenser son argent de cette manière ridicule, elle avoit réalisé une somme assez considérable avec laquelle elle se proposoit bientôt de prendre une maison à son compte, et de s’établir mère abbesse. Comme l’argent qu’elle avoit amassé à cet effet, suffisoit à peine pour accomplir son dessein, elle résolut de se faire un ami véritable du comte P...y : elle jugea également important, avant de quitter la maison de Madame Dubery, et afin d’éviter la