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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/256

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LES SÉRAILS DE LONDRES

commença bientôt après cette époque à travailler pour son compte, et tint une maison très-renommée au coin du passage de la comédie, dans la même rue, où elle demeura long-temps.

C’étoit une belle femme, grande et bien faite, ayant un beau teint, des yeux vifs et expressifs, et les dents très-blanches et très-régulières. Nous croyons qu’elle n’avoit point recours à l’art supplémentaire qu’employent presque toutes les nymphes du jardin. Sa maison étoit élégamment meublée ; une bonne table servie en vaisselle d’argent, séduisoit l’œil de ses visiteurs : ses nymphes, en général, étoient des marchandises supportables. Un riche citoyen étoit son ami le plus assidu, et peut-être le principal soutien de sa maison ; mais quoiqu’elle ne fut pas prodigue de ses faveurs, elle n’étoit pas cependant insensible à la rhétorique persuasive d’un beau jeune homme de vingt deux ans, à larges épaules, et très-bien taillé. Le capitaine H..., Monsieur B..., Monsieur W..., et plusieurs autres personnes qui vinrent se ranger sous son étendard furent, en divers occasions, très-bien accueillis dans sa compagnie particulière ; il faut cependant avouer qu’elle n’avoit point l’âme mercenaire : par conséquent ces Messieurs qui étoient tous beaux garçons de profession, au lieu d’augmenter ses revenus, contribuoient plutôt à les diminuer d’autant que la plus