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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/283

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LES SÉRAILS DE LONDRES

une superbe collation froide où les vins les plus renommés et les liqueurs les plus exquises régnoient en abondance.

Le soir de ce gala, Pall-Mall fut rempli de voitures plus élégantes les unes que les autres. Chaque personne paroissoit empressée d’entrer la première dans le temple de Paphos. Outre les Laïs dont nous avons déjà parlé et donné la description, lady G...r et lady L...r y vinrent déguisées ; nous devons rendre justice à ces dames, et il faut avouer qu’elles conservèrent plus de décence que les autres personnes dévouées au culte de Vénus, car elles parurent comme notre grande-mère Ève, et elles avoient couvert la distinction de leur sexe d’une large feuille de figue. Ces deux dames ne furent pas plutôt entrées, qu’il s’éleva une petite rumeur au sujet des feuilles de figue ; on jugea qu’il étoit nécessaire d’en envoyer chercher une cargaison au marché de Covent-Garden. L’oiseau de paradis étoit aussi présent à la fête ; il avoit, pour déguisement, un bonnet d’une étoffe extrêmement fine et curieuse ; mais il étoit si plaisamment arrangé, qu’il produisoit l’effet le plus agréable ; les figures et les devises dont il étoit orné, répondoient emblématiquement au sujet ; il pouvoit exécuter chaque office au naturel sans se déranger. Ce bonnet étoit judicieusement percé dans le centre, afin de prévenir les