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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/318

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LES SÉRAILS DE LONDRES

conforme au rang qu’ils s’imaginoient qu’elle devoit tenir ; ils la mirent, en conséquence, dans une école distinguée où elle apprit le français, la musique et la danse. Sa vanité naturelle étant beaucoup enflée par l’exemple et les opinions de ses camarades d’école qui ne parloient d’autre chose que de pairs et de ducs, elle commença à croire qu’elle avoit autant que chacune d’elles des droits à un pareil rang. L’esprit rempli de cette idée, elle refusa, dès qu’elle fut de retour de l’école, les offres de mariage qui lui furent faites, les jugeant indignes de sa personne, quoique, dans le fait, elles étoient bien au-dessus de tout ce qu’elle pouvoit raisonnablement attendre dans son état. Un de ses adorateurs étoit un courtier opulent ; un autre étoit un jeune homme qui avoit de grandes espérances d’être associé dans une des principales maisons de banque.

Kitty fréquenta alors le Ranelagh et le Panthéon, et fixa bientôt l’attention de plusieurs nobles qui trouvèrent qu’il n’étoit pas difficile d’être admis auprès d’elle : ils s’adressèrent à elle ; ils lui dirent mille choses honnêtes que sa vanité consommée prenoit pour une déclaration de passion réelle et honorable. Le lord P..., à la fin, l’emporta sur ses rivaux. Elle céda son honneur à un pair, plutôt que de se soumettre à devenir la femme d’un citoyen distingué. Vanité illusoire, d’autant