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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/319

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LES SÉRAILS DE LONDRES

plus impardonnable, lorsque nous considérons que son lord étoit marié, et qu’il ne pouvoit pas, comme elle savoit, lui offrir sa main d’une manière conjugale. Mais il y a une étrange ambition innée dans le sexe ; et beaucoup de jeunes personnes portent la frénésie jusqu’à se croire plus honorée d’être la maîtresse d’un lord, que la femme du membre de la Commune.

Peu de semaines après, lord P... l’abandonna. Kitty alors commença à réfléchir sur sa folie, mais il étoit trop tard pour rétrogader. Ses parents qui avoient été les premiers instruments de son premier faux pas, en mettant dans sa tête les notions ridicules de pompes et de grandeur, l’abandonnèrent. Dans la triste situation où elle se trouvoit, elle se vit contrainte de mettre à prix ses charmes, et de les abandonner au meilleur enchérisseur ; elle ne tarda pas à avoir beaucoup de chalans. Son cœur étoit parfaitement dégagé du premier sacrifice qu’elle avoit fait à la vanité et à la fausse ambition, elle céda donc entièrement le second à la nécessité ; au bout d’un certain temps, elle fit la connoissance d’un aimable jeune gentilhomme nommé Monsieur F...k ; sa personne étoit agréable et bien faite ; ses sentiments nobles et généreux ; à ses manières et à son langage, il sembloit descendre d’une race royale. On rapporte qu’il étoit le petit-fils de feu Théodore, roi de Corse, et qu’il n’avoit aucune