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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/398

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LES SÉRAILS DE LONDRES

sation de la veille ; mais la bonne dame avoit beau exciter son compère à lui répondre, il ne pouvoit s’exprimer ; la parole lui manquoit ; elle fut d’autant plus surprise de son silence, auquel elle ne s’attendoit pas, qu’elle n’avoit jamais eu tant d’envie de causer ; elle fut donc obligée, à son grand mécontentement, d’abandonner la conversation. Miss Butler qui observoit tout ce qui se passoit, et qui comme sa mère avoit la démangeaison de parler, se promit bien d’empêcher le lendemain son parrain d’avoir une grande conférence avec elle ; en effet, elle s’y prit si bien, qu’elle le mit hors d’état de soutenir le moindre argument, ce qui désespéra tellement sa mère, qu’elle crut qu’il étoit attaqué de paralysie.

Cependant Madame Butler, ennuyée de ne pouvoir plus tirer une parole favorable de son compère, commença à le soupçonner d’indifférence à son égard : elle remarqua que Monsieur James lui demandoit depuis quelques jours si elle avoit bien des courses à faire le lendemain : ses questions réitérées, et les prévenances de sa fille pour son parrain, lui firent augurer qu’il y avoit de l’intelligence entr’eux ; elle voulut donc s’en convaincre : pour cet effet, elle dit un soir à sa fille, devant Monsieur James, qu’elle sortiroit le lendemain de bonne heure, et qu’ayant de grandes courses à faire, elle dîneroit en route. À cette