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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/11

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VII

ment dans mon livre, quand vous me le donnerez. Et quand je l’aurai ? dites.

— Ah ! dame, on ne fait pas un livre aussi vite qu’une poulette en papier. Il faut beaucoup de temps, vois-tu, pour cela ; un an, deux ans peut-être. Mais, toutes les fois que je voudrai m’amuser, j’écrirai de Renart, et je ferai tant et tant de pages que le livre finira par être fini. Mais, cher enfant, il faut t’avertir d’une chose ; écoute-moi bien. Si je te faisois un livre de toute petite fille, tu ne voudrois déjà plus l’ouvrir dans deux ans ; quand je te le donnerai : encore moins dans quatre ans, dans dix ans ; car tu auras un jour quinze ans. Il faut donc tâcher à rendre notre livre amusant pour des personnes plus grandes et plus respectables que tu n’es et que tu ne seras encore de longtemps. Je ne voudrois pas que tu dises : bah ! c’est le livre de grand-papa ; il n’est bon que pour les enfans. Au contraire, je serois content s’il pouvoit te faire plaisir, d’abord dans deux ans, puis quand tu seras tout à fait grande fille. Seulement, quand je te le donnerai pour les étrennes