Aller au contenu

Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
159
YSENGRIN DANS LE PUITS.

dans ces parages, souffrant de la faim et de la soif. Trop maladroit pour découvrir le défaut du guichet : « Voilà, » disoit-il en revenant sur ses pas, « une terre du démon, non du Dieu vivant. On n’y trouve rien à manger, rien à boire ; je vois bien là ce qu’ils appellent un puits, mais le moyen d’en tirer une seule goutte d’eau ? »

Ysengrin s’en étoit pourtant approché ; il avoit mis ses pieds sur la pierre circulaire et mesuré des yeux la profondeur. Damp Renart, tranquille comme une ombre, conservoit à l’eau dans laquelle il étoit à demi plongé toute sa transparence. « Que vois-je là ! » dit tout à coup Ysengrin, « au fond de ce puits damp Renart ! Est-il possible ? » Il regarde encore, et cette fois son image reproduite à côté du corps de Renart lui donne les idées les plus étranges. Il croit voir de ses propres yeux Renart en compagnie de dame Hersent, il suppose entr’eux un rendez-vous convenu. « C’est bien lui ! c’est bien elle ! Ah ! traitresse, diras-tu maintenant que tu n’as pas été surprise avec le méchant Renart ? » Le puits sonore répond Renart ! Il repète ses injures et l’écho lui apporte la confirmation de sa honte et de son malheur.

Renart avoit aisément reconnu son compère, il le laissoit maugréer et crier. Cependant au