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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/227

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LES AMIS DE ROONIAUS.

Parmi les lisses on remarquoit Baude et Foloise, Coquille, Sebille, Briare venue de Sotlaville, Fauve, Bloette, Morete, Boete, Violette, Brachine, Maligneuse, Mauparlière qui étoit à Robert de La Marlete, Genterose, Prime-Noire la lisse au Prouvère, et Pinconette qui menace de plus près Renart ; il ne tiendra pas à elle s’il n’est arrêté à l’entrée du bois. Renart de son côté ne met aucun de ses bons tours en réserve, et l’on ne peut assurément l’en blâmer, le besoin fait vielles trotter. Trois des meilleurs mâtins l’attendoient sous les premiers buissons de la forêt ; ce sont Tranchon, Boémont et Failli : le voilà donc en plus grand danger que jamais ; ils tombent sur lui, le roulent et le déchirent ; le sang jaillit sur les restes de sa riche pelisse ; mais enfin il parvient à leur donner le change et, moitié courant moitié rampant, il arrive à son manoir de Maupertuis.

Pendant qu’il y trouve le repos dont il avoit grand besoin, et qu’il va chercher à panser et cicatriser ses plaies, jurant haine mortelle à Rooniaus qui s’est rendu l’artisan de la trahison du sanctuaire, Ysengrin mène grand deuil de ce que Renart est échappé. Retrouvera-t-il jamais une occasion pareille ? Il convoque autour de lui toutes les bêtes de son parti : « Damp Brun, damp Rooniaus et damp Bau-