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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/228

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TRENTE-SEPTIÈME AVENTURE.

cent, vous les amis particuliers du Roi, vous ses conseillers les plus intimes, vous avez vu comment le traître Renart a tenu sa promesse ; pouvoit-il mieux laisser voir qu’il avoit tort, et qu’il n’était pas en état de faire le serment convenu ? Écoutez-moi donc, bêtes grandes et petites, votre honneur est engagé à témoigner devant notre seigneur le Roi, quand il tiendra sa haute cour, que Renart a fait défaut de serment. — Et le Roi, » interrompit damp Brun, « sera bien mauvais s’il n’en fait pas justice, s’il ne le condamne pas à être publiquement pendu. — Pendu ou brûlé, reprend Ysengrin. — Mais pourtant, » dit Grimbert, « on m’accordera bien le droit de dire que Renart en gagnant le large quand vous étiez au pont Guichart, n’a pas fait aussi mal que vous dites : il avoit apparemment deviné quelque aguet appensé, il avoit reconnu que Rooniaus, tout du long étendu, la langue tirée, n’étoit pas mort et conservoit sa respiration. » Ces paroles causèrent dans l’assemblée un véritable scandale et devinrent le signal d’un grand tumulte. Rooniaus agité de crainte et de honte se leva : Damp Grimbert, voulez-vous lever contre moi clameur de trahison ? — Je ne dis pas cela, répond Grimbert, mais je cherche à excuser Renart. Ne soulevons pas ici de querelle,