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Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/265

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L’ACTE D’ACCUSATION.

QUARANTE-CINQUIÈME AVENTURE.

Comment damp Renard, messire Noble le roy et Grimbert firent de beaux discours qui ne persuadèrent personne, et comment messire Noble donna connoissance à damp Renart de l’acte d’accusation.



L’arrivée de damp Renart et de Grimbert causèrent un grand mouvement dans l’assemblée des barons. Il n’y eut bête qui ne témoignât la plus vive impatience de soutenir l’accusation. Ysengrin le connétable aiguise même déjà ses dents, dans l’espoir que le champ lui sera donné : Tybert et Brun brûlent de venger, le premier sa queue perdue, le second le chapeau rouge qu’il a rapporté. Chantecler se dresse sur ses ergots, près de Rooniaus qui gronde et aboie d’impatience. Mais au milieu de toutes ces démonstrations de hayne et de fureur, Renart, redevenu lui-même, affecte une apparente tranquillité ; il s’avance d’un air serein jusqu’au milieu de la salle, et après avoir promené lentement ses regards fiers et dédaigneux à droite, à gauche et devant lui, il demande à être entendu et prononce le discours suivant :

« Sire Roi, je vous salue, comme celui qui