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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/13

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cru devoir hautement blâmer. Il s’agit de la Grande Comore et du sultan Saïd-Ali, notre protégé. Voici en quels termes le Comité écrivit au Ministre des Colonies, le 9 février 1903 :

« Le sultan Saïd Ali, chevalier de la Légion d’honneur, a été expulsé de son pays en 1893 et est actuellement interné à la Réunion. Depuis cette époque, le sultan ne cesse de protester contre la mesure prise à son égard, mais aucune suite n’a été donnée à ses diverses démarches. »

De quelle manière le sultan, notre protégé, a-t-il été expulsé ?

« Saïd Ali, écrivions-nous au Ministre en 1903, affirme avoir été invité à diner, le 21 novembre 1893, à bord du transport de guerre l’Eure, par le gouverneur de Mayotte, avoir été retenu prisonnier à bord, puis envoyé à Diego Suarez et de là à la Réunion. »

Le sultan demande tout simplement, soit à retourner dans son pays, soit à comparaître devant un tribunal français de répondre à une accusation d’assassinat qui aurait servi de prétexte à son envoi en exil.

« Nous nous garderons bien, concluait le Comité, d’entrer dans le fond de la question et de discuter le plus ou moins de fondement de l’accusation grave qui semble peser sur le sultan Saïd-Ali, sans avoir même été formulée ; ce que nous demandons, est qu’il soit autorisé à se défendre.

« Quoi qu’il arrive, nous pensons que la mesure prise en 1893 est injustifiable et contraire au droit des gens. »

Le Ministre des Colonies nous répondit, le 14 février :

« Si certains témoignages recueillis à l’époque par M. Lacassade, gouverneur de Mayotte, tendaient à incriminer l’ancien sultan, il n’en a pas été fait état par mon département et son exil n’a été considéré que comme une mesure politique s’imposant par suite des troubles dont son maintien sur le trône était la cause ou l’occasion… »