Aller au contenu

Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Ministre, remarquez-le bien, ne conteste ni directement, ni indirectement la véracité des dires de Saïd Ali quant au procédé par lequel il a été attiré hors de son pays.

Le Comité ne s’est pas cru en droit de publier les deux mémoires dans lesquels Saïd-Ali protestait contre la mesure dont il avait été l’objet, des personnalités plus ou moins officielles, dont il appartient aux tribunaux d’apprécier la responsabilité, y étant mises en cause.

Mais la lecture de ces documents ne permettait pas au Comité de cesser son intervention. Il écrivit une fois encore au Ministre, le 5 mai 1903, affirmant à nouveau qu’une mesure politique, conséquence vraisemblable d’une appréciation individuelle, ne suffisait pas, en droit et en équité, à justifier l’internement prolongé et sans terme défini du sultan, internement dont le caractère arbitraire a encore été aggravé, s’il est possible, par le procédé employé pour s’emparer de sa personne.

À cette lettre le Comité n’a reçu aucune réponse. Quelle réponse pouvait-on lui adresser ?

Une conclusion nous parait s’imposer :

Si la présence de Saïd-Ali dans son sultanat donne seulement lieu à des compétitions et provoque des troubles, la France se doit à elle-même de soutenir l’autorité de celui qui l’a appelée sur son territoire et a demandé son protectorat. Si, au contraire, ce sultan a démérité, il faut porter au trône son successeur légitime[1].


Faut-il vous avouer, Messieurs, que j’ai parfois la crainte, l’inquiétude que ce procédé d’un autre âge et qui, à aucune époque, n’a été un procédé français, ne soit pas unique dans notre récente histoire coloniale ?

Behanzin, ce roi nègre captif, qui demande à juste titre un sort plus doux, Behanzin n’aurait-il pas été, lui aussi, victime d’une surprise inavouable ?

Voici ce qu’il écrivait, le 10 octobre 1902, à M. Gerville-Réache :

  1. Cf. La situation des indigènes aux Comores, Paris, 1904, 17, rue Cujas (publication du Comité de protection et de défense des indigènes).