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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/15

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« Monsieur le Député, vous n’ignorez pas que, lorsque de ma propre initiative, je me rendis auprès du colonel XXX (un nom propre), je lui demandai spontanément de me conduire en France pour conférer avec le chef de l’État et éclaircir le malentendu dont j’étais victime. Je croyais donc me rendre en France pendant que j’étais dirigé sur la Martinique. »

M. Gerville-Réache ne démentit point cette assertion. Il répondit au roi captif qu’il transmettait sa lettre au gouvernement de la République, et il ajoute, s’adressant à Behanzin, quelques mots très profondément sentis, que je suis heureux de reproduire ici :

« Je serai d’accord avec tous les Français pour demander d’ores et déjà d’adoucir les vieux jours d’un vaincu par les mesures les plus bienveillantes qui sont en son pouvoir[1]. ».

Tout récemment, le roi nègre a fait encore une fois parvenir jusqu’à nous cette même assertion si grave, si inquiétante, au sujet de l’initiative prise par lui et du voyage qu’il avait cru faire en France pour conférer avec le chef de l’État[2].

Qu’il me soit permis d’ajouter ici une observation personnelle. J’ai relu tout récemment les journaux du temps, chose facile pour moi, car, pendant l’année 1893, je découpais et je classais les dépêches et les nouvelles qui filtraient sur le compte de Behanzin à travers la presse. Eh bien, Messieurs, il est de mon devoir d’affirmer que ces dépêches rendent à mes yeux très vraisemblable le dire du pauvre roi nègre, dire bien cruel pour nous.


Mais je n’insiste pas sur les procédés par lesquels les nations colonisatrices savent se faire des colonies.

J’arrive au régime intérieur de ces colonies. Je l’examine en lui-même.

Ce qui le caractérise d’une manière générale, c’est

  1. L’Éclair du 28 octobre 1902.
  2. Le Matin du 13 septembre 1905.