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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/24

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s’ils sont heureux de l’abolition de l’esclavage à Madagascar, ils sourient et vous répondent :

Avant la conquête, quelques-uns seulement d’entre nous étaient esclaves, maintenant nous le sommes tous[1] ».


Ah ! si les vaillants Amis des noirs qui, à la fin du règne de Louis XVI, préparaient la libération des esclaves, pouvaient revenir parmi nous, quel ne serai point leur étonnement, quelle ne serait point leur indignation !

Quand je songe aux crimes effroyables commis en Indo-Chine par un fonctionnaire qui, il est vrai, en se donnant la mort a fui le châtiment, mais dont les « travaux » ne semblent pas avoir été matériellement possibles dans l’isolement et le mystère, sans complicité et sans qu’aucune responsabilité soit engagée ;

Quand je songe aux crimes qui sur certains trajets de la malheureuse Afrique, sont l’affreux accompagnement du portage, crimes sur lesquels le Comité, dès les années 1898 et 1899, appelait l’attention des ministres, crimes contre lesquels j’ai eu l’occasion de protester encore à plusieurs reprises l’année dernière ;

Quand j’ouvre certains journaux d’Extrême-Orient ;

Quand je certains articles signés des noms les plus autorisés dans notre pays ;

Quand je vois des députés, des sénateurs se porter publiquement accusateurs et en même temps la justice de mon pays reprendre, après un insolite effort, sa coutumière inaction ;

Je me dis quelquefois qu’à cette inaction, si elle se prolongeait, je préférerais en vérité une mesure plus franche qui se pourrait énoncer en ces termes :

Abolition pure et simple du Code pénal dans les colonies au regard des crimes commis par les Européens sur les indigènes.

Ce serait plus net.

Que sais-je ? Il ne serait peut-être pas très difficile, en employant des expressions plus diplomatiques, de faire doucement pénétrer cette doctrine dans

  1. Le Signal du 28 Octobre 1905.