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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/68

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pour l’administration ; — et un camp de quelques blancs, représentants de capitaux métropolitains, soutenus énergiquement par les députés maritimes et par les hommes de bourse ; camp tout puissant dans les bureaux, maître de la presse qu’il couvre d’argent.

Vous imaginez-vous le grand chef civil restant en suspens ?

Messieurs, croyez-le plus avisé : ce ne sont pas les arrivistes qui manquent chez nos coloniaux, et tous ne savent pas résister au langage de l’intérêt personnel. — Donc, notre préfet congolais raisonnera ainsi : « Le gouvernement a disposé du pays de mes administrés noirs en faveur de mes administrés blancs. C’est sans doute pour que ces derniers fassent leurs affaires. Comme mes nègres n’ont pas le sou, il faut pour amasser sur leur dos, et du soir au lendemain, laisser tout faire : je ferme les yeux, qu’on fasse tout ! »

Heureux s’il n’ajoute pas : « Et que je prenne mon honnête courtage ! »

Quel danger, Messieurs, que la maxime enrichissez-vous donnée à des blancs, embusqués derrière des capitaux, et lâchés sur une horde de sauvages noirs, privés d’avocats, dénués de ressources, dans des pays sans opinion publique !!! Le Dividende n’attend pas ; et pour en donner, de quoi sont capables, je vous le demande, les représentants de cette chose effrayante : l’Argent ?

Le système des Concessions ne pouvait produire de résultats immédiats et honnêtes, que si le pays concédé avait eu de ces ressources actuellement réalisables, telles qu’en eut l’Australie de la première heure, ou la Californie de 1848. Mais le Congo n’en à pas d’appréciables en ce genre. Les populations ne possèdent aucune avance ; et les richesses naturelles du pays demandent, pour leur exploitation, des capitaux étrangers immenses et un temps considérable. Le Congo peut avoir, a même, à mon avis, du lendemain. Il n’a de présent que par des crimes. Crimes qui sont même des fautes ; chose que Fouché et Talleyrand ne pardonnaient pas. Ils sont des fautes, dis-je ; car, ils détruisent la population noire ; c’est-à-dire ce grand capital humain que