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Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/69

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les destructeurs sont inhabiles à remplacer ; capital sans lequel toutes les régions interdites à la race blanche par le climat ne vaudraient pas un sou.

Telles sont les raisons pour lesquelles je dénonce le système des concessions des terres domaniales du Congo. Ce système est la cause lointaine parfois, mais réelle, de tous ces crimes abominables qui nous humilient en face de l’Europe, et mettent la République en contradiction honteuse avec ses propres maximes d’État.

Si vous estimez, Messieurs, que je suis dans le vrai, je vous adjure de protester contre le principe de toute concession domaniale aux colonies, qui n’aurait pas pour point de départ le respect absolu et réel de la propriété indigène. Je dis : réel ; car, dans les cahiers des charges, on a soin d’insérer des réserves feintes, qui ne sont que des précautions oratoires contre les réunions analogues à la nôtre d’aujourd’hui. La vérité est qu’en règle générale le régime des concessions domaniales est inapplicable aux pays habités, sauf des cas spéciaux tels que celui des mines, et à supposer qu’on ait de la main-d’œuvre pour les faire valoir ; mais en ce qui concerne le Congo, il y a fait ses preuves : et c’est ce que je vous demande de déclarer énergiquement aujourd’hui (Applaudissements)




ALLOCUTION DE M. FRÉDÉRIC PASSY


Mesdames et Messieurs,


Permettez-moi de vous remercier. Cette assemblée si nombreuse, malgré quelques vivacités de langage qui ont pu déplaire à l’un ou à l’autre, malgré quelques dissentiments dans l’assistance, a su respecter la liberté de la parole et montrer que l’on peut aborder franchement les questions les plus brûlantes quand on le fait avec convenance et avec sincérité. C’est un bon exemple que vous avez donné. Il faut apprendre à tout dire et à tout entendre ; et il faut