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Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/162

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« et menez cette petite demoiselle voir la Fausse-Tortue, et l’entendre raconter son histoire. Il faut que je m’en retourne pour veiller à quelques exécutions que j’ai ordonnées ; » et elle partit laissant Alice seule avec le Griffon. La mine de cet animal ne plaisait pas trop à Alice, mais, tout bien considéré, elle pensa qu’elle ne courait pas plus de risques en restant auprès de lui, qu’en suivant cette Reine farouche.

Le Griffon se leva et se frotta les yeux, puis il guetta la Reine jusqu’à ce qu’elle fût disparue ; et il se mit à ricaner. « Quelle farce ! » dit le Griffon, moitié à part soi, moitié à Alice.

« Quelle est la farce ? » demanda Alice.

« Elle ! » dit le Griffon. « C’est une idée qu’elle se fait ; jamais on n’exécute personne, vous comprenez. Venez donc ! »

« Tout le monde ici dit : « Venez donc ! » » pensa Alice, en suivant lentement le Griffon. « Jamais de ma vie on ne m’a fait aller comme cela ; non, jamais ! »

Ils ne firent pas beaucoup de chemin avant