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Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/163

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d’apercevoir dans l’éloignement la Fausse-Tortue assise, triste et solitaire, sur un petit récif, et, à mesure qu’ils approchaient, Alice pouvait l’entendre qui soupirait comme si son cœur allait se briser ; elle la plaignait sincèrement. « Quel est donc son chagrin ? » demanda-t-elle au Griffon ; et le Griffon répondit, presque dans les mêmes termes qu’auparavant : « C’est une idée qu’elle se fait ; elle n’a point de chagrin, vous comprenez. Venez donc ! »

Ainsi ils s’approchèrent de la Fausse-Tortue, qui les regarda avec de grands yeux pleins de larmes, mais ne dit rien.

« Cette petite demoiselle, » dit le Griffon, « veut savoir votre histoire. »

« Je vais la lui raconter, » dit la Fausse-Tortue, d’un ton grave et sourd : « Asseyez-vous tous deux, et ne dites pas un mot avant que j’aie fini. »

Ils s’assirent donc, et pendant quelques minutes, personne ne dit mot. Alice pensait : « Je ne vois pas comment elle pourra jamais finir