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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/20

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dans les armées les mieux disciplinées. Xerxès avait divisé la sienne en trois corps : l’un suivait les rivages de la mer, les deux autres marchaient à certaines distances dans l’intérieur des terres ; toutes les mesures étaient prises d’ailleurs pour leur procurer des moyens de subsistance. Trois mille vaisseaux chargés de vivres longeaient la côte et réglaient leurs mouvemens sur ceux de l’armée. Le prince avait même eu la précaution de faire approvisionner plusieurs places de la Thrace et de la Macédoine par les Égyptiens et les Phéniciens.

Certainement, Xerxès qu’on nous dépeint comme un homme entièrement nul, prouve par ses actions, qu’il constituait assez bien la guerre, comme ses paroles nous démontrent qu’il ne manquait pas d’un certain tact dans sa politique. Malheureusement la science du meilleur capitaine offre une bien faible ressource, quand elle n’est pas secondée par le courage et l’instruction militaire de ses soldats. Notre dessein, au reste, n’est pas de relever toutes les erreurs des écrivains qui ont travaillé sur l’histoire ancienne ; mais, quand on place des armées en présence, il faut faire connaître la main qui les dirige.

Par crainte ou par adresse, Xerxès ayant attiré dans son parti les Argiens, les Syracusains et les Thessaliens, après avoir neutralisé les habitans de Crète et ceux de Corcyre, il ne restait pour la défense de la Grèce, qu’un petit nombre de peuples et de villes. Thémistocle était l’âme de leurs conseils et relevait leurs espérances, employant tour à tour la persuasion et l’adresse, la prudence et l’activité. Depuis quelques années, il prévoyait que la bataille de Marathon n’était que le prélude des guerres qui allaient menacer les Grecs ; il leur fit entendre qu’ils resteraient toujours maîtres du continent, s’ils pouvaient l’être de la mer ; qu’il viendrait un temps où leur salut dépendrait de celui d’Athènes, et celui d’Athènes du nombre de ses vaisseaux. Il les engagea de porter leurs vues du côté de la marine, et les Grecs avaient deux cents galères dans les ports de l’Attique lors de l’invasion de Xerxès.

Comme ce prince continuait sa marche, il fut résolu dans la diète de l’isthme que Léonidas, roi de Sparte, s’emparerait du passage des Thermopyles, situé entre la Thessalie et la Locride, tandis que l’armée navale des Grecs attendrait celle des Perses aux parages voisins, dans un détroit formé par les côtes de la Thessalie et par celles de l’Eubée. Là, les vaisseaux des Perses éprouvèrent un échec considérable, ayant voulu attaquer la flotte grecque dans un lieu nommé Artemisium.

Le passage que la diète confiait à Léonidas est le seul chemin par lequel une armée puisse pénétrer de la Thessalie dans la Locride, la Phocide, la Béotie, l’Attique et les régions voisines. Voici la description qu’en donnent les anciens : en partant de la Phocide pour se rendre en Thessalie, on passe par le petit pays des Locriens, et l’on arrive au bourg d’Alpénus, situé sur la mer. Comme il est à la tête du détroit, on l’a fortifié. Le chemin n’offre d’abord que la largeur nécessaire pour le passage d’un chariot ; il se prolonge ensuite entre des marais que forment les eaux de la mer et des rochers presque inaccessibles qui terminent la chaîne des montagnes connues sous le nom d’Œta.

À peine est-on sorti d’Alpénus, que l’on trouve à gauche une pierre consacrée à Hercule Mélampyge, et c’est là qu’aboutit le sentier qui conduit au haut de la montagne. Plus loin, on traverse un courant d’eaux chaudes. Tout auprès est le bourg d’Anthéla. Au sortir de la

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