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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/200

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THUCYDIDE, LIV. III.

montre de leurs forces, et opérant dans le Péloponnèse des descentes partout où ils voulaient. Les Lacédémoniens, à ce spectacle inattendu, crurent que les Lesbiens leur avaient fait un rapport infidèle, et se trouvèrent dans une situation d’autant plus critique, que leurs alliés ne paraissaient pas et qu’ils apprenaient que les trente vaisseaux d’Athènes, parcourant les côtes du Péloponnèse, ravageaient les terres de leurs périèces. Ils s’en retournèrent chez eux, et appareillèrent une flotte pour l’envoyer à Lesbos ; puis ils ordonnèrent aux villes de contribuer pour quarante vaisseaux, et nommèrent Alcidas commandant de cette expédition. La retraite des Lacédémoniens décida celle des Athéniens.

Chap. 17. Dans le temps que ces vaisseaux tenaient la mer, les Athéniens en avaient un très grand nombre qui réunissaient à la beauté de l’appareil la rapidité des manœuvres. Mais leur marine n’avait pas été moins nombreuse, ou plutôt elle l’avait encore été davantage, au commencement de la guerre. En effet, cent vaisseaux gardaient l’Attique, l’Eubée et Salamine ; cent autres infestaient les côtes du Péloponnèse, sans compter ceux qui étaient devant Potidée et ailleurs. Aussi, dans un seul été, ils n’eurent pas en mer moins de deux cent cinquante bâtimens. Après les dépenses du siége de Potidée, rien ne causa tant de frais. Les hoplites en garnison devant cette place recevaient par jour deux drachmes chacun, l’une pour lui-même, l’autre pour son valet. Ils avaient été trois mille au commencement du siége, et jamais ils ne furent en moindre nombre tant qu’il dura, sans compter les seize cents que Phormion avait avec lui et qui se retirèrent avant la reddition de la place. Tous les vaisseaux recevaient la même paie. Tels furent et les dépenses qui se firent d’abord et le nombre des vaisseaux qui furent équipés.

Chap. 18. Les Lacédémoniens étaient dans l’isthme, quand les Mityléniens, soutenus de troupes auxiliaires, firent, du côté de terre, des tentatives contre Méthymne, croyant qu’elle leur serait livrée par trahison. Ils l’attaquèrent ; mais voyant leurs espérances trompées, ils allèrent à Antisse, à Pyra, à Éresse, s’assurèrent de ces places, en renforcèrent les murs, et se retirèrent promptement. Après leur retraite, ceux de Méthymne entrèrent aussi en campagne et attaquèrent Antisse ; mais, défaits par ceux d’Antisse et leurs auxiliaires, ils se retirèrent avec grande perte.

Les Athéniens, instruits de cet événement, et jugeant les troupes qu’ils avaient devant Méthymne trop faibles pour troubler dans leur commerce de terre les habitans, maîtres du pays, envoyèrent, au commencement de l’automne, Pachès, fils d’Épicure, à la tête de mille hoplites de leur nation. Les gens de guerre, faisant eux-mêmes la manœuvre des vaisseaux, arrivèrent, investirent Mitylène d’une simple muraille, et construisirent aussi des forteresses sur quelques points faciles à défendre. Mitylène fut alors puissamment contenue par terre et par mer. L’hiver commençait.

Chap. 19. Le besoin d’argent pour ce siége obligeant les Athéniens à se mettre eux-mêmes à contribution pour la première fois, ils fournirent deux cents talens. Ils envoyèrent aussi douze vaisseaux, aux ordres de Lysiclès et de quatre autres commandans, pour recueillir les tribut des alliés. Lysiclès, après avoir fait des levées en différens lieux, continuait sa tournée : de Myonte, ville de Carie, il s’avançait par la plaine du Méandre vers le mont Sandius, quand, attaqué par les Cariens et les Anéites, il périt avec une grande partie de l’armée.