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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/205

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THUCYDIDE, LIV. III.

lait de regagner au plus tôt le Péloponnèse, puisqu’on était arrivé trop tard à Mitylène.

Chap. 32. Il partit d’Embate, et, ayant relâché à Myonèse, chez les Téiens, il mit à mort la plupart des prisonniers qu’il avait faits dans son trajet : il aborda ensuite à Éphèse, où des députés Samiens de chez les Anéens vinrent lui représenter que ce n’était pas agir en vrai libérateur de l’Hellade, que d’égorger des malheureux qu’on n’avait point pris les armes à la main, qui n’étaient pas ennemis, mais qui se trouvaient par nécessité alliés d’Athènes ; que s’il ne changeait pas de conduite, il se ferait peu d’amis parmi ses ennemis, et réduirait un plus grand nombre d’amis à passer dans les rangs opposés. Il sentit la justice de ces reproches, et mit en liberté tout ce qu’il avait de captifs de Chio et certains personnages d’autres lieux. [Ces prisonniers étaient nombreux] ; car, à la vue des vaisseaux d’Alcidas, les vaisseaux ennemis, au lieu de fuir, étaient venus le joindre, croyant voir une flotte athénienne. On était loin de penser que jamais, tant que les Athéniens auraient l’empire de la mer, des vaisseaux du Péloponnèse approcheraient de l’Ionie.

Chap. 33. Alcidas quitta précipitamment Éphèse et prit la fuite : en effet, mouillant encore devant Claros, il avait été aperçu de la Salamienne et du Paralus, qui venaient d’Athènes, Dans la crainte d’être poursuivi, il tint la haute mer, résolu de ne prendre terre volontairement que dans le Péloponnèse. Pachès et les Athéniens reçurent ces nouvelles d’abord de l’Érythrée, et bientôt de toutes parts. L’Ionie n’étant pas fortifiée, on craignait que les Péloponnésiens, même sans intention d’abord de s’arrêter, ne se décidassent, en rasant les côtes, à fondre sur les villes et à les saccager. La Salamienne et le Paralus ayant annoncé qu’ils avaient vu eux-mêmes Alcidas à Claros, Pachès se décide aussitôt à le poursuivre : il le poursuit jusqu’à l’île de Latmos ; puis reconnaissant l’impossibilité de l’atteindre, il rebrousse chemin. N’ayant pu le joindre en pleine mer, il se félicitait de n’avoir pas eu ses vaisseaux bloqués [près d’une côte] ; ce qui l’eût contraint à dresser un camp, à procurer à sa flotte un retranchement et un lieu d’abordage.

Chap. 34. De retour [de sa poursuite jusqu’à Latmos], Pachès [côtoyant l’Asie mineure] relâcha à Notium, place qui appartenait aux Colophoniens, et où s’était retirée une partie des habitans de Colophon, après la prise de la ville haute par Itamène et les barbares qu’une faction avait appelés ; prise qui eut lieu à l’époque de la seconde invasion de l’Attique par les Péloponnésiens. Il s’éleva de nouvelles dissensions parmi les réfugiés colophoniens qui s’étaient établis à Notium. Les uns, ayant sollicité et reçu des secours de Pissuthnès, des Arcadiens et des barbares, les avaient introduits dans la place, et, soutenus des Colophoniens de la ville haute, partisans déclarés des Mèdes, ils avaient, de concert, établi leur autorité dans Notium : ceux de l’autre faction qui se trouvaient exilés, appelèrent Pachès à leur secours. Celui-ci proposa des conférences à Hippias, chef des Arcadiens qui étaient dans la place, avec promesse de l’y remettre sain et sauf, si l’on ne pouvait s’accorder. Hippias vint. Pachès le retint sous bonne garde, mais sans le mettre aux fers, et assaillit inopinément les murailles ; et comme on ne s’attendait pas à ce coup de main, il s’en rendit maître, et donna la mort aux Arcadiens et à tout ce qui se trouvait là de barbares. Il y reconduisit Hippias, ainsi qu’il en était convenu, et des que ce malheu-