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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/235

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THUCYDIDE, LIV. III.

ver Euryloque et les Péloponnésiens, et les empêcher de se joindre aux Ampraciotes ; et ils y campèrent. Ils envoyèrent aussi offrir le commandement à Démosthène, qui avait conduit les Athéniens en Étolie, et mandèrent vingt vaisseaux d’Athènes, qui se trouvaient sur les côtes du Péloponnèse, et que commandaient Aristote, fils de Timocrate, et Hiérophon, fils d’Antimneste.

De leur côté, les Ampraciotes, d’Olpes, où ils étaient, députèrent à Ampracie pour y solliciter une levée en masse. Ils craignaient qu’il ne fût impossible à Euryloque de traverser le pays des Acarnanes, et qu’eux-mêmes ne se trouvassent ou réduits à combattre seuls, ou exposés à de grands dangers s’ils voulaient faire retraite.

Chap. 106. Mais Euryloque et ses Péloponnésiens, informés de l’arrivée des Ampraciotes à Olpes, partirent en diligence de Proschium pour défendre leurs alliés, passèrent l’Achéloüs, et poursuivirent leur marche à travers l’Acarnanie, qu’ils trouvèrent déserte, parce que les habitans étaient allés au secours d’Argos. Ils avaient à droite la ville de Stratos et la forteresse ; à gauche, le reste de l’Acarnanie. Après avoir franchi le territoire des Stratiens, ils trouvèrent Phytie ; ils longèrent ensuite les frontières de Médéon ; puis, ayant passé par Limnée, ils entrèrent dans l’Agraïde, qui n’est plus de l’Acarnanie, mais qui leur était alliée. Les Acarnanes gagnèrent le Thyamis, mont inculte, le franchirent, et dès la nuit descendirent dans l’Argie. Ils marchèrent entre la ville d’Argos et l’armée d’observation des Acarnanes, qui était à Crenœ, ne furent pas aperçus, et se joignirent aux Ampraciotes qui étaient devant Olpes.

Chap. 107. La jonction opérée, ils s’arrêtèrent au point du jour et campèrent le long d’une place d’Olpes nommée Métropolis. Peu après pénétrèrent dans le golfe d’Ampracie, et les vingt vaisseaux qui venaient des côtes du Péloponnèse au secours des Argiens, et Démosthène avec deux cents hoplites messéniens et six cents archers d’Athènes. Les vaisseaux abordèrent près de la colline d’Olpes, et furent tirés sur le rivage. Les Acarnanes et un petit nombre d’Amphiloques, la plupart retenus de force par les Ampraciotes, s’étaient déjà réunis à Argos, et se préparaient au combat. Démosthène, élu général de toute cette fédération, et partageant le commandement avec les généraux des alliés, les conduisit près d’Olpes et y établit son camp. Un ravin profond séparait les deux armées.

On se tint cinq jours en repos ; le sixième, on se mit des deux côtés en ordre de bataille. L’armée péloponnésienne, plus considérable, occupait plus de terrain. Démosthène, craignant d’être enveloppé, mit en embuscade, dans un chemin creux masqué par des buissons, des hoplites et des psiles, dont les deux troupes montaient à quatre cents. Au fort de l’action, ils se lèveraient et prendraient à dos les ennemis du côté où ceux-ci auraient l’avantage.

Après avoir fait de part et d’autre toutes les dispositions, on en vint aux mains. Démosthène était à l’aile droite avec les Messéniens et une faible partie des Athéniens. Les Acarnanes, suivant que chacun d’eux avait été placé, formaient l’autre aile, avec quelques archers amphiloques. Les Péloponnésiens et les Ampraciotes étaient mêlés ensemble, excepté les Mantinéens. Ceux-ci, placés surtout à la gauche, en occupaient la plus grande partie, sans pourtant s’étendre jusqu’à l’extrémité de cette aile. Euryloque, à la gauche, avec ses troupes, se trouvait opposé aux Messéniens et à Démosthène.