Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
THUCYDIDE, LIV. IV.

côté du rivage et sur les vaisseaux.

Chap. 116. Brasidas s’aperçoit qu’ils ont abandonné les créneaux. Voyant l’écroulement qui a eu lieu il s’avance avec son armée, emporte les murailles, et tue tous ceux qu’il rencontre. Les Athéniens, ayant abandonné la place, se réfugièrent dans la Pallène sur leurs vaisseaux et leurs petits bâtimens. Lécythe renferme un hiéron de Minerve : Brasidas, avant de commencer l’attaque, avait promis de donner au premier qui monterait à l’assaut trente mines d’argent ; mais, croyant que dans la prise du fort il y avait quelque chose de surnaturel, il fit offrande de trente mines d’argent à la déesse, et quand il eut détruit Lécythe de fond en comble, il lui consacra le terrain tout entier. Le reste de l’hiver, il s’occupa d’affermir ses conquêtes et prépara des surprises contre les places dont il ne s’était pas encore rendu maître.

Avec cet hiver finit la huitième année de la guerre.

Chap. 117. Au printemps de l’été qui commençait, les Lacédémoniens et les Athéniens conclurent une trève d’un an. Ces derniers pensaient qu’avant que Brasidas parvînt à exciter aucun soulèvement chez les alliés, ils auraient le temps de préparer leur résistance, et que, si leurs affaires allaient bien, ils traiteraient avec plus d’avantage : les Lacédémoniens, jugeant que les Athéniens éprouvaient les mêmes craintes qu’eux, espéraient que, par la suspension de leurs maux et de tant de fatigues, ils apprendraient à désirer encore plus un repos dont ils auraient goûté les douceurs ; qu’ils en viendraient à un accord, et leur rendraient les prisonniers, pour obtenir une plus longue paix. Ils avaient surtout à cœur de les recouvrer tandis que la fortune favorisait encore Brasidas ; ils craignaient que si Brasidas allait plus avant, et que l’équilibre vint à se rétablir entre eux et les Athéniens, ils ne perdissent d’abord leurs prisonniers, et ensuite que, se mesurant d’égal à égal, ils ne s’exposassent eux-mêmes à se voir arracher la victoire. Ils conclurent donc le traité suivant, dans lequel les alliés furent compris.

Chap. 118. « Chacun pourra user à sa volonté de l’hiéron et de l’oracle d’Apollon Pythien, sans dol et sans crainte, suivant les anciens usages.

» Les Lacédémoniens sont d’accord de cet article, ainsi que les alliés présens. Ils engageront, autant qu’il sera possible, les Béotiens et les Phocéens à l’accepter, et leur enverront des députés dans cette intention.

» Vous et nous, et tous autres qui le voudront, suivant le droit, la justice et les anciennes coutumes, feront des recherches pour découvrir les déprédateurs des trésors consacrés aux dieux.

» Les Lacédémoniens et leurs alliés conviennent que, si les Athéniens font la paix, chacune des parties contractantes conservera ce qu’elle possède actuellement. Les Lacédémoniens continueront d’occuper Coryphasium [Pylos], au sud des monts Buphras et Tomée, et les Athéniens, l’île de Cythères, sans s’immiscer, ni les uns ni les autres, dans les alliances respectives. Ceux qui sont à Nisée et à Minoa n’iront pas au-delà du chemin qui, à partir des Pyles, longeant le Nisus, conduit à l’hiéron de Neptune, et de cet hiéron de Neptune, droit au pont qui regarde Minoa.

» Ni les Mégariens ni les alliés n’outrepasseront ce chemin, non plus que l’île conquise par les Athéniens ; ils conserveront, et cela sans passer des uns chez les autres, tout ce qu’ils possèdent dans la Trézénie, et tout ce dont ils doivent jouir suivant leur traité avec les Athéniens ; ils auront l’usage de la mer