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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/285

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THUCYDIDE, LIV. IV.

qui baigne leurs côtes et celles de leurs alliés.

» Ni les Lacédémoniens ni leurs alliés n’auront des vaisseaux longs, mais seulement des bâtimens à rames du port de cinq cents talens.

» Les hérauts, les députés et ceux qui seront envoyés avec eux pour prendre des mesures pacifiques, ou pour accorder les différends, voyageront sous la foi publique par terre et par mer, soit pour aller à Athènes et dans le Péloponnèse, soit pour en revenir.

» Pendant toute la durée de la trève, ni vous ni nous ne recevrons les transfuges, soit libres, soit esclaves.

» Vous et nous, nous discuterons réciproquement nos droits ; et déciderons à l’amiable les points contestés, sans recourir à des voies hostiles.

» Voilà ce qui semble convenable aux Lacédémoniens et aux alliés. Si vous voyez quelque chose de mieux et de plus juste, venez nous en instruire à Lacédémone : ni les Lacédémoniens ni les alliés ne s’éloigneront en rien de ce que vous pourrez dire de juste.

» Ceux qui viendront, seront chargés de pleins-pouvoirs, clause dont vous nous recommandez l’observation. Le traité tiendra pendant un an. Ainsi l’a décrété le peuple. »

La tribu acamantide siégeait au Prytanée ; Phénippe était greffier, et Niciade présidait en qualité d’épistate. Lachès proposa le décret suivant : « Sous les auspices de la bonne fortune des Athéniens, il y aura trève, suivant que les Lacédémoniens et leurs alliés en conviennent. » Le décret fut accepté par le peuple. On décida qu’il y aurait trève pendant un an, à commencer du quatrième jour après le dix du mois élaphébolion ; que, pendant la durée du traité, les députés et les hérauts, de part et d’autre, négocieraient et chercheraient les moyens de terminer la guerre ; que les généraux et les prytanes convoqueraient une assemblée où les Athéniens délibéreraient, avant tout, sur les instructions à donner à leurs députés chargés de traiter de la cessation de la guerre ; et que, sur-le-champ même, les ambassadeurs présens jureraient que de bonne foi ils s’engageraient à maintenir la trève pendant l’année.

Chap. 119. Les articles arrêtés et convenus entre les Lacédémoniens, les Athéniens et les alliés respectifs, à Lacédémone, le douze du mois gérastion, furent ratifiés et garantis, pour Lacédémone, par Taurus, fils d’Échétimidas, Athénée, fils de Périclidas, Philocharidas, fils d’Éryxidaïdas ; pour Corinthe, par Énéas, fils d’Ocyte, et Euphamidas, fils d’Aristonyme ; pour Mégares, par Nicase, fils de Cécale, et Ménécrate, fils d’Amphidore ; pour Épidaure, par Amphias, fils d’Eupéidas ; pour Athènes, par les généraux Nicostrate, fils de Diitréphès, Nicias, fils de Nicératus, Autoclès, fils de Tolmée. Ainsi fut conclue la trève. Tant qu’elle dura, il y eut des négociations pour parvenir à une paix définitive.

Chap. 120. Dans ces mêmes journées où les parties belligérantes traitaient entre elles, Scione, ville de la Pallène, se détacha des Athéniens pour se donner à Brasidas. Les Scioniens prétendent tirer leur origine des Pelléniens du Péloponnèse ; ils racontent que leurs premiers habitans, au retour de Troie, furent portés, par la tempête qui tourmenta les Hellènes, dans la contrée où ils s’établirent. Brasidas, pour favoriser leur défection, cingla de nuit vers Scione, porté sur une barque, faisant marcher assez loin devant lui la trirème que lui avaient envoyée les Scioniens : cette trirème le défendrait s’il lui arrivait