Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
289
THUCYDIDE, LIV. IV.

archers, mille Thraces soudoyés, et des peltastes que leur avaient fournis les alliés du pays. Les généraux étaient Nicias, fils de Nicératus, et Nicostrate, fils de Diitréphès. Ils avaient mis en mer à Potidée : ils prirent terre près de l’hiéron de Neptune, d’où ils marchèrent contre Mendé. Les habitans s’avancèrent à leur rencontre avec trois cents hommes de Scione, et des auxiliaires du Péloponnèse, formant en tout sept cents hoplites que commandait Polydamas. Ils campèrent hors de la ville, sur une colline fortifiée par la nature. Nicias, avec cent vingt hommes de Méthone armés à la légère, soixante hoplites d’Athènes, hommes d’élite, et tous les archers, essaya de monter contre eux par un certain sentier ; il reçut une blessure et ne put les forcer. Nicostrate, par un autre chemin plus éloigné, voulut, avec le reste des troupes, gravir cette colline de difficile accès ; mais il fut mis dans un tel désordre, qu’il exposa l’armée athénienne à une entière défaite. Dans cette journée, les Mendéens ayant tenu ferme, les Athéniens se retirèrent et campèrent. La nuit venue, les Mendéens rentrèrent dans leur ville.

Chap. 130. Le lendemain, les Athéniens tournèrent la côte, prirent terre devant Scione, s’emparèrent du faubourg, et passèrent toute la journée à dévaster la campagne, sans que personne sortît contre eux ; car il y avait dans la ville un commencement de sédition. Les trois cents hommes de Scione étaient retournés chez eux pendant la nuit. Le jour venu, Nicias, avec la moitié de l’armée, se porta sur la frontière et saccagea les terres des Scioniens, tandis que Nicostrate, avec le reste des troupes, mettait le siége devant Mendé, du côté des portes supérieures qui conduisent à Potidée. De ce côté, en dedans des murailles, étaient déposées les armes des Mendéens et de leurs auxiliaires. Polydamas rangea ses troupes en bataille, et ordonna à ces Mendéens de sortir : mais un homme du parti démocratique déclare, d’un ton séditieux, qu’il ne sortira point, et qu’il ne faut pas combattre. Polydamas, indigné, le saisit violemment et le déconcerte : le peuple aussitôt s’empare des armes, et court, dans sa colère, se jeter sur les Péloponnésiens et sur les gens de leur parti. Ceux-ci, qui ne s’attendaient pas à cette attaque soudaine, prennent la fuite. Voyant les portes s’ouvrir subitement aux Athéniens, ils crurent ce coup de main concerté d’avance avec eux. Ceux qui ne furent pas tués sur la place, gagnèrent l’acropole, qu’ils occupaient déjà auparavant. Cependant Nicias était revenu à Mendé. Toute l’armée athénienne y entra. La place ne s’étant pas rendue par composition, elle fut traitée comme une ville prise d’assaut ; on la pilla, et ce fut même avec peine que les généraux empêchèrent le massacre des habitans. Ils leur ordonnèrent de se gouverner à l’avenir suivant leur ancien régime, et de juger eux-mêmes les citoyens qu’ils croiraient avoir été les auteurs de la défection. Ceux qui étaient renfermés dans l’acropole furent investis des deux côtés d’une muraille qui se terminait a la mer, et l’on mit un poste d’observation. Après avoir réduit Mendé sous leur puissance, les Athéniens se dirigèrent sur Scione.

Chap. 131. Les Scioniens et les Péloponnésiens s’avancèrent contre les Athéniens, et campèrent hors de la ville, sur une colline forte par sa propre situation. Les ennemis étaient obligés de s’en emparer avant d’investir la place : mais les Athéniens les attaquèrent de vive force, et repoussèrent ceux qui vinrent les combattre. Ils prirent leurs campemens, dressèrent un trophée, et se disposèrent

19