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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/291

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THUCYDIDE, LIV. IV.

à construire un mur de circonvallation. Mais peu après, et tandis qu’ils étaient occupés de ce travail, les auxiliaires assiégés dans l’acropole de Mendé forcèrent la garde du côté de la mer : ayant presque tous échappé aux troupes athéniennes campées devant Scione, ils entrèrent dans la place.

Chap. 132. On travaillait à la circonvallation de Scione, quand Perdiccas, par le ministère d’un héraut, conclut un accommodement avec les généraux athéniens. Il avait entamé cette négociation en haine de Brasidas, dès que ce général s’était retiré de la Lyncestide. Ischagoras se préparait alors à conduire par terre une armée à Brasidas. Dès que l’accord fut conclu, Nicias exigea de Perdiccas que, pour preuve de sa bonne foi, il rendît ouvertement aux Athéniens quelques services ; et cette demande s’accordait avec les intentions du prince, qui ne voulait plus que les Lacédémoniens entrassent dans son pays. Perdiccas arma donc les étrangers qui étaient en Thessalie, les employa à mesure qu’ils arrivaient, arrêta ainsi l’armée des Lacédémoniens, et rendit nuls tous leurs préparatifs ; en sorte qu’ils ne tentèrent rien contre les Thessaliens.

Cependant Ischagoras, Aminias et Aristée, se rendirent personnellement auprès de Brasidas, chargés par les Lacédémoniens d’observer l’état des choses, et ils firent, contre l’usage, partir de jeunes Spartiates, pour leur donner le commandement des villes, et empêcher qu’on n’en revêtit des hommes pris au hasard. Cléaridas, fils de Cléonyme, eut le gouvernement d’Amphipolis ; Épitélidas, fils d’Hégésander, celui de Torone.

Chap. 133. Le même été, les Thébains accusèrent les habitans de Thespies de favoriser les Athéniens, et rasèrent les murailles de cette ville. Ils avaient eu de tout temps ce dessein, dont l’exécution devenait plus facile depuis que, dans le combat contre les Athéniens, Thespies avait perdu la fleur de sa jeunesse. Dans cette même saison, le feu détruisit l’hiéron de Junon, dans l’Argolide. Cet accident fut occasionné par l’imprudence de la prêtresse Chrysis qui plaça près d’une guirlande une lampe allumée, et se laissa surprendre par le sommeil. L’incendie gagna, sans qu’on s’en aperçût, et tout fut consumé. Elle-même, dans la crainte des Argiens, s’enfuit aussitôt, de nuit, à Phlionte. Conformément à la loi, ils établirent une autre prêtresse, nommée Phaïnis. Il y avait huit ans et demi que la guerre était commencée, quand Chrysis prit la fuite. À la fin de cet été se termina l’investissement de Scione ; les Athéniens laissèrent des troupes pour la garder, et le gros de l’armée se retira.

Chap. 134. L’hiver suivant, ils se tinrent en repos, ainsi que les Lacédémoniens, conformément à la trève. Les Mantinéens et les Tégéates, avec leurs alliés respectifs, se livrèrent un combat à Laodicée de l’Orestide, et la victoire fut indécise : chacun des deux peuples enfonça une aile de l’armée ennemie. Les uns et les autres dressèrent un trophée, et envoyèrent chez les Delphiens une part des dépouilles. Le carnage fut grand de part et d’autre ; le combat se soutenait avec égalité, quand la chute du jour y mit fin. Les Tégéates passèrent la nuit sur le champ de bataille, et dressèrent aussitôt leur trophée ; les Mantinéens se retirèrent à Boucolion, et, après leur retraite, élevèrent eux-mêmes un trophée devant celui des ennemis.

Chap. 135. Brasidas, à la fin de l’hiver, lorsque déjà le printemps commençait, fit une tentative sur Potidée. Il arriva de nuit, et appliqua les échelles. Jusque là on ne s’aperçut de rien ; car