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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/35

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de sévérité qu’on ne rencontre pas toujours chez les autres nations.

Qu’on lise Arrien, qu’on étudie même Élien, qui, dans son livre, a déployé toutes les évolutions de parade retranchées par l’historien d’Alexandre, on pourra reconnaître qu’avec des élémens aussi nombreux et aussi variés que ceux de l’ordonnance en phalange, les modernes eussent bien autrement compliqué ses combinaisons. Nous allons en rapporter ici quelques-unes parmi celles qu’Arrien a cru devoir conserver.

Le clisis était le mouvement d’un homme à droite vers sa lance, ou à gauche vers son bouclier.

Le double clisis ou métabole, le demi-tour à droite ou à gauche.

L’épistrophe se faisait par un quart de conversion de toute la section, qui tournait à rangs et files serrés, comme ferait un seul homme. Le chef de file de l’une des deux ailes servait de pivot. L’anastrophe remettait la section dans sa position première par un quart de conversion opposé. La demi-conversion et les trois quarts de conversion avaient des dénominations particulières.

Former les files, c’était aligner tous les hommes de chaque file sur le chef de file, et l’ouragos, en gardant les distances. Pour former les rangs, on alignait sur l’homme qui était à la droite ou à la gauche d’un rang, celui qui lui correspondait dans chaque file de ce rang en conservant les distances. Ainsi le rang des chefs de file présentait une ligne droite, de même que le second rang des épistates jusqu’à celui des serre-files.

Les contre-marches se faisaient par rangs ou par files, et celles par files s’exécutaient de trois manières : à la macédonienne, à la laconienne ; la troisième était nommée persane, chorienne, ou crétoise.

La contre-marche macédonienne changeait le front de la phalange en portant sa profondeur en avant, de manière que le premier rang ne bougeait pas de place. Le chef de file faisait demi-tour, ceux qui le suivaient marchaient sur sa droite en le côtoyant, et se plaçaient progressivement derrière lui.

La contre marche laconique, pour changer aussi de front, formait la phalange en arrière, mais le dernier rang restait sur sa place. Le chef de file faisait demi-tour à droite, et marchait la distance qu’exigeait la hauteur de la phalange. Toute la file le suivait successivement et se plaçait derrière lui jusqu’au serre-file, qui ne faisait qu’un demi-tour.

L’évolution crétoise changeait le front de la phalange sur son propre terrain par une contre-marche des files. Le chef de file faisait demi-tour à droite, menait sa file après soi, et la laissait suivre en repli, jusqu’à ce que le serre-file fût à la place qu’occupait le chef de file.

Les contre-marches par rangs se faisaient de la même manière que celles des files ; leur usage était de transporter les sections, de changer les ailes et de renforcer le centre. Quand l’ennemi était proche, la prudence exigeait que l’on n’exécutât pas ces mouvemens par de plus grandes divisions que le syntagme.

On formait les doublemens de front par rangs ou par files ; ils étaient relatifs au nombre des hommes ou à l’étendue du terrain.

Pour avoir 2 048 files sur le même emplacement qui est occupé par 1 024, les épistates avançaient dans les intervalles des protostates, c’est-à-dire qu’on remplissait les distances entre les hommes du premier rang par ceux du second, dans toute la phalange, de manière qu’elle ne présentait plus que huit rangs au lieu de seize.

Pour doubler l’étendue du front de