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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/36

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cinq jusqu’à dix stades c’est-à-dire de six cents jusqu’à douze cents pas, chaque corne ou diphalangarchie faisait à droite et à gauche, et marchait par le flanc jusqu’à ce que la phalange occupât un terrain double de celui qu’elle présentait d’abord. Les hommes partageaient les distances. La manœuvre contraire avait lieu en se serrant sur le centre.

On s’étend pour déborder le front de l’ennemi ou pour se garantir d’en être enveloppé ; mais le moment d’une manœuvre affaiblit toujours l’ordre d’une armée, et l’on préférait augmenter le front de bataille par des troupes légères ou par la cavalerie, plutôt que de risquer de rompre les masses.

La profondeur de la phalange se doublait lorsqu’on faisait entrer la seconde file dans la première, le second chef de file devenant l’épistate du premier, et ainsi de suite, de sorte que chaque file formait trente-deux hommes au lieu de seize. On dédoublait le front en rappelant les épistates à leurs premières places. Le doublement de la profondeur de la phalange augmentait sa force et sa densité. On employait aussi cette ordonnance contre la cavalerie, qui chargeait à la course, comme les Scythes et les Sauromates.

Il y avait deux manières différentes de mettre la phalange en mouvement, par l’épagogue et par la paragogue. On donnait le nom d’épagogue à la phalange, soit qu’elle partît tout entière pour s’avancer en front de bandière, ou bien par sections plus ou moins grandes, selon le terrain et la disposition du général. Alors la division, qui était à l’une ou à l’autre aile, marchait en avant ; les autres défilaient successivement vers la place que la première venait de quitter, et suivaient en queue, ce qui formait la colonne.

On donnait le nom de paragogue à la phalange, lorsqu’ayant fait un à droite ou un à gauche, elle s’avançait tout entière par son flanc. On disait paragogue droite et gauche, selon que les chefs de file qui occupaient les flancs étaient à la gauche ou à la droite.

« Que l’on marche en épagogue ou en paragogue, dit Arrien, le général doit toujours renforcer le côté qui est exposé à l’ennemi ; et s’il craint d’être attaqué de deux, de trois ou même de quatre côtes, les mettre en état de se défendre. »

La phalange antistome avait deux fronts opposés. On nommait stome le rang qui se présentait le premier à l’ennemi. Par cette ordonnance, ceux du milieu se trouvaient dos à dos, et ceux des premiers rangs extérieurs combattaient, de sorte que les uns étaient épistates et les autres serre-files. C’était la phalange ordinaire dont les huit derniers rangs, après avoir fait demi-tour à droite se présentaient face en arrière. Dans cette position, le quatrième épistate, c’est-à-dire le huitième hoplite de la première demi-file, devenait serre-file ; et dans la seconde demi-file, qui avait fait demi-tour à droite, les épistates devenaient protostates, les protostates, épistates, et celui qui dans l’ordre ordinaire occupait la place de premier protostate de cette même demi-file, en était le serre-file. On employait utilement la phalange antistome contre un ennemi supérieur en cavalerie.

On opposait au rhombe de la cavalerie l’ordre en croissant, ayant à son front les chefs de file pour envelopper la cavalerie qui s’avançait contre eux. Il était destiné surtout à tromper les archers à cheval qui s’abandonnaient au milieu de cette courbure, et à les mettre en désordre en les attaquant avec les ailes, tandis que le centre leur résistait.

3.